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Maman, il est où papa ? » La mère releva la tête et regarda sa fille, Rowan. Elle lui sourit tendrement en la prenant dans ses bras. Elle était recroquevillée sur elle-même par terre depuis quelques minutes, un grand sourire béat collé aux lèvres pour une seule raison ; la mort de son mari. La voilà qui était enfin libre, enfin sereine. Elle ne devrait plus subir ces changements d’humeur de cet homme qui l’avait épousée quelques années plus tôt. Sa fille à présent dans ses bras et incapable de voir son visage, la mère afficha une expression amère. Elle avait été trop bonne, trop conne de le croire après le meurtre de son ancienne fiancée. Meredith, car tel était son prénom, se souvenait parfaitement des années qui avaient suivit ce drame, elle se souvenait parfaitement qu’il n’avait été que l’ombre de lui même jusqu’à ce qu’il éprouve un étonnant intérêt pour elle. « —
Il est partit. » se contenta-t-elle de répondre. Elle ne voulait pas inquiéter sa fille, seulement âgée de cinq ans, pourtant, elle savait que cette mort aurait des conséquences bien pires qu’elle n’aurait pu imaginer.
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Et alors ? » Rowan reçut une gifle, devenu chose courante depuis son arrivée dans la maison. Lassée, elle se massa lentement la joue, tentant vainement d’atténuer la douleur. Depuis plusieurs années, elle vivait chez une tante, bien qu'elle ne le croyait pas réellement, dont l’existence lui était inconnu jusque là. Sa séparation avait sa mère avait été douloureuse, beaucoup trop pour une petite fille de six ans. La gamine en voulait terriblement à cette famille de substitution dans laquelle avait vécu son père et elle ne se gênait pas pour le montrer avec des attitudes provocatrices. «
Cette femme n’était pas pour ton père. Ce n’était pas son imprégnée, la sienne est morte. Ce n'était qu'une misérable, bonne qu'à lui changer les idées. » n’avaient-ils cesser de lui dire mais elle n’écoutait pas, elle voulait juste retrouver sa mère, retrouver son enfance perdue et arracher le cœur de ses bourreaux qui la prédestinaient à un avenir de louve à leurs côtés.
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Je suppose que vous parlez encore de moi. Imaginez moi désolée et foutez moi la paix. » La louve, arrivant doucement vers ses dix-neuf ans, devenait ingérable au sein de la meute qu'elle avait été contrainte de rejoindre quelques années plus tôt. Hystérique, impulsive, dévastatrice, cassante, elle tuait plus d’humain qu’elle n’en sauvait malgré les ordres du chef de meute, c’était toujours des accidents. Le chagrin la suivait, tel son ombre. Rowan ne pensait plus à l’homme qu’elle avait aimé, tellement aimé et qui, de sa faute, était mort, tout comme la femme qui aurait du partager la vie de son père. La louve s’en voulait terriblement et même si elle ne s’était pas encore imprégnée, sa relation avec celui qu'elle aimait avait été formidable. Elle ne voulait pas faire les mêmes erreurs que son paternel, pour rien au monde. Elle avait assez vu sa mère souffrir ainsi. « —
Vous savez quoi ? Je me barre. Je quitte la meute. » dit-elle sans réellement y croire. Elle le fit, pourtant, elle rassembla ses forces, prit ses affaires et partit. Où ? Elle ne l’a jamais su, tout ce qu’elle voulait, c’était être le plus loin possible d’eux, de ses bourreaux malgré eux et pour ça, elle quitta le pays pour les États-Unis. Son chef de meute lui ordonna plusieurs fois de revenir mais elle se révolta et trouva le courage de désobéir. Après ça, elle afficha régulièrement un sourire satisfait parce que pour une fois, elle pouvait être fière et elle était persuadée de sa mère, malheureusement décédée, le serait aussi si elle voyait ce qu'elle était devenue.
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On y est arrivé ! On les tient. » s’exclama la femme assise à côté de Rowan. Âgée de vingt-deux ans, la jeune femme avait trouvé un travail dans la police, sans doute l’un des seul stable qu’elle n’eu jamais décrocher. « —
Tu sais ce que l’on va faire Avleen ? Tu restes ici et je vais les arrêter. » Elle ne lui laissa pas le temps de réagir qu’elle la menotta rapidement au volant de sa voiture. Satisfaite, la louve sortit de sa voiture malgré les hurlements de protestation de son amie.
Amie. Un mot qu’elle n’avait plus utilisé depuis bien longtemps, la solitude emportant le pas sur ce qui avait été sa sociabilité. La jeune avait rencontré Avleen au poste de police de la ville où elle résidait à ce moment-là. Journaliste de profession, la jeune femme éprouver un certain intérêt pour l’affaire sur laquelle travaillait Rowan. Suivant son instinct, la policière travailla avec elle durant de longs mois et c’est le fruit de ces recherches qui les avait amenée devant l’entrepôt où avait à présent entré la louve. Pour rien au monde Rowan n'aurait voulu qu'il lui arrive quelque chose, bien qu'elle ne l'avouera sans doute jamais, parce qu'elle est sans doute ce qui se rapprochait le plus de ce qu'elle pouvait définir de meilleure amie. Elle ne pouvait le nier, elle s’était attachée à la journaliste, bien plus qu’elle n’aurait du mais elle éprouvait un besoin, presque maladif, d’avoir quelqu’un sur qui elle pouvait compter et il s’était avéré que cette personne était Avleen.
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Alors c'est ça, Forks. » murmura la jeune femme pour elle-même. Un sourire satisfait ornait son visage à la vue de la ville. Elle ne se souvenait même plus comment elle était arrivée jusqu’ici, « Le Destin » s’amusait-elle à penser. A vrai dire, elle avait tout de suite été séduite par l’environnement qui s’offrait à elle. Prudente, elle avait au préalable prévu une future carrière dans les forces de l’ordre, voulant se repentir de ces morts qu’elle a faits volontairement ou non. Elle était prête à recommencer sa vie ici, elle en était persuadée mais en arrivant en ville, Rowan emmena avec elle ses vieux démons. La culpabilité, l’instabilité, l’hystérie la suivaient à la trace et ne demandent qu’un moment de faiblesse de sa part pour sortir, pour librement s’exprimer et dévaster ce qui se trouve sur le chemin passage de Rowan. La jeune femme n’est pas seulement une louve, non, c’est une bombe à retardement. Une bombe arrivant tout droit à Forks.