Le calme était enfin revenu après cette tempête qui avait menacé de s’abattre sur eux. Ce n’était peut-être que partie remise, parce que tout était sans doute relatif mais il valait mieux l’accepter comme tel et prendre ce répit. La routine avait tenté de reprendre ses droits après tout ces « au revoir » aux personnes qui nous étaient venu en aide. Carlisle avait repris son service au petit hôpital de Forks quitté auparavant en prétextant des vacances. Laissez tout cela un certain temps n’avait fait qu’accumuler un retard monstrueux de paperasse à remplir qu’il trouva nonchalamment posé sur son propre bureau. Voila qui avait de quoi refroidir un brin l’enthousiasme du médecin. La rédaction manuscrite de tout ce qui se passait n’était pas la partie la plus passionnante de son métier. Que soit, ayant l’avantage de pouvoir profiter également de ces nuits pour rattraper le retard, il avait donc emmené quelques dossiers chez eux, encombrant par la même occasion son bureau. Profitant du fait que toute la famille ou presque vaquait à leurs occupations quotidiennes, le vampire blond avait gravi rapidement ses escaliers pour aller se remettre au travail. Là-bas tout était calme, son regard mordoré passa en revue la pièce contenant un trésor de livres réalisées aux fils des années passées accompagnée évidemment par des souvenirs en tout genre, anciens ou plus récents. Il s’y détacha rapidement avant de prendre le premier dossier d’une pile. L’ouvrant, il attrapa d’un geste vif un bic qui avait la bonne idée de se trouver à portée de mains. Plongeant dans la lecture du cas d’une femme d’une trentaine d'années qu’il avait admise à l’hôpital après un accident de la route. C’était un cas typique ici additionné la pluie et les feuilles mortes et la route devenait une réelle patinoire.

Dans sa lecture et par la même occasion dans ses souvenirs, question de n’omettre aucun détail, il ne réalisa pas directement que quelqu’un s’était arrêté à la hauteur de son bureau. Il avait tellement l’habitude de ses va et viens de ses enfants ou de sa femme qu’il n’y prenait pas réellement d’attention. Cependant, il ne put pas rester prostré plus longtemps, le bruit caractéristique de la porte qui s’ouvrait lui, en revanche, le fit revenir à la réalité. C’était Alice. Il attendit quelques fractions de seconde le temps de terminer sa phrase pour ne pas perdre le fils avant de relever son regard vers sa fille, un sourire toujours joyeusement affiché sur son visage. Ce fut pile à cet instant qu’elle sembla réaliser qu’elle était là et que sa tête changea pour laisser transparaitre un sourire qui donnait le change qu’a moitié. Carlisle n’eut même pas le loisir de hausser un sourcil interrogateur dans sa direction qu’elle s’était déjà rendue face à lui, lui demandant pour qu’il l’accompagne à la chasse. Par pur réflexe, les yeux du médecin croisèrent les siens, d’un ton onyx des plus profonds. Elle avait plus que faim et c’était une certitude, tous avait été peu après cette confrontation sauf Alice. Il ne l’en blâmerait pas, non. En tant normale, elle y allait souvent avec les autres ou alors juste avec Jasper. Mais qu’elle requiert sa présence, le contentait finalement. Lentement il referma le dossier et le reposa à sa place de départ. Son regard nettement plus clair recroisa le sien et d’un ton calme il prit la parole.

-Avec plaisir, je suppose que nous y allons de suite ?

Dit-il avec un petit quelques choses de malicieux dans la voix. Il était inutile de revenir sur le fait qu’elle aurait dû y aller bien plutôt, elle le savait on ne peut mieux. Et pour le coup il avait l’impression que ce n’était que la face cachée de l’iceberg. Personnellement, le vampire n’avait pas si faim que cela, mais il l’accompagnerait volontiers, de toute façon, il avait déjà rangé son dossier dans cette optique. Ces papiers étaient restés là pendant longtemps, cela ne venait plus à quelques heures, sa mémoire ne flancherait pas pour si peu. Il recula son siège avant de se relever pour contourner le bureau revenant face au siège où était installée Alice, avec son sourire et sa bonne humeur qui était plus qu’une bulle d’oxygène pour tout le monde. Pourquoi ne pas avoir demandé à Jasper ? Il l’ignorait mais de toute façon, il finirait bien par le savoir tôt ou tard, tout venait à point à qui savait attendre. Et puis, cela faisait longtemps oui, depuis le début de toutes cette folie qu’ils ne s’étaient pas retrouvés seuls, c’était plutôt une bonne chose que d’en prendre le temps à présent. Il aurait même du le faire bien avant.

-Cesse de t’inquiéter, tu te fais du mal inutilement…

Précisa-t-il simplement à son encontre. Une des raisons possibles pour qu’elle n’aille pas été se nourrir restait qu’elle craignait le retour imminent de cette menace que seraient constamment les Volturis. Il tenta de lui faire un sourire rassurant avant que d’un geste de la main il l’invite à prendre la direction de la sortie. Il ne la mettait pas dehors loin de là mais la forêt les attendait.

Quand vous viviez avec les mêmes personnes depuis des années, parler pour certaines répliques était devenues une simple option. Carlisle ne s’offusqua donc pas le moins du monde quand sa fille ne lui répondit rien du tout et se contenta de bouger. Le comportement non verbal était tout aussi indicateur que le reste de toute façon. Il pouvait clairement comprendre dans sa manière d’agir qu’elle était pressée et que surtout elle ne voulait pas parler de quoi que ce soit dans la maison, là où le moindre son était entendu et compris par toute la famille. Il se contenta de rester à son tour dans le silence le plus total et lui emboita le pas en direction de la sortie après un bref et rapide coup d’œil pour être sûr qu’il avait refermé tout ce qu’il fallait. Ces dossiers n’étaient pas confidentiels mais ce n’était pas une raison pour étaler le malheur des autres aux yeux du monde. Il n’eut le temps que de refermer la porte menant à son bureau, ce qui était en quelque sorte son espace personnelle qu’Alice était déjà à la sortie confirmant ses premières pensées. Un vague sourire un rien amusé apparut sur ses lèvres fines avant qu’il ne la rejoigne tout aussi rapidement. De toute évidence, la chasse était ouverte. Même quand vous n’aviez pas réellement faim, on ne pouvait nier que ce soit quelques choses qu’il appréciait grandement, au final il devait tellement de choses à ces animaux dont l’acceptation de lui-même. Il refusa d’y penser et se mit à courir pour rattraper Alice qui s’arrêta net après seulement quelques mettre, le forçant à s’arrêter tout aussi brutalement pour ne pas la bousculer. Une phrase et elle s’envola rapidement, le laissant un rien surpris. N’avait-elle pas dit qu’elle voulait aller chasser avec lui ? Dans ce cas ce n’était pas vraiment sa définition du terme si elle y allait seule.

Que soit, le médecin l’attendit donc bien sagement, se contentant de respirer profondément comme pour humer toutes les senteurs qu’on détectait dans l’air. Que des animaux des forêts, aucun randonneur qui avait décidés de faire du hors-piste, il y avait juste Renesmée mais Alice ne lui ferait rien. Son regard doré fixait les arbres et son ouïe s’étaient focalisée sur le bruit qui revenait avant de revoir apparaitre la petite brune. Son regard était un peu moins noir que précédemment et elle parut plus soulagée. Elle daigna enfin lui répondre. Non il se doutait bien qu’elle continuerait à s'inquiéter, lui-même ne pouvait s’empêcher de prendre plus de précautions que jamais pour ne laisser aucune opportunité à la famille royale de revenir pour fondre sur eux. Le moindre faux pas à présent leur seraient fatals, il le savait on ne peut mieux pour avoir vécu pendant quelques décennies à leurs côtés. Il se doutait bien qu’Alice avait encore plus de poids sur les épaules pour avoir vu tout cela mais il fallait qu’elle avance, qu’elle laisse ses souvenirs en paix, cela s’était bien terminé alors autant ne plus y penser car avec des et si, on refaisait le monde.

-Je sais Alice, je sais que tu ne peux pas t’empêcher de te dire et si ? Ainsi que de craindre à tout instant d’avoir une nouvelle vision. Moi aussi cela m’inquiète mais on ne peut pas les laisser nous gâcher notre vie en ne faisant que penser à eux. Il faut faire attention, je suis d’accord mais on ne leur donnera pas de prétexte pour revenir, crois-moi…

Oh que non, il était bien loin de vouloir à tout prix la guerre. Il ne la voulait pas, il avait été pacifiste cela ne changera pas tant qu’il les laissait tranquille alors il en ferait de même. Il n’y avait que les deux vampires russes pour chercher le meilleur instants mais qu’ils cherchent donc seul. Il voulait au final la rassurer. Si Alice restait prostrée dans ce passé révolu cela ne serait que mal pour elle. Elle était de celle qui encaissait peut-être le plus avec Edward en voyant cet avenir qui se mouvait au gré des choix de tout le monde mais il fallait qu’elle n’oublie pas qu’elle n’était pas seule pour supporter cela. Il ne redit rien sur cette vision, elle ne leur en avait pas parlé mais il sentit une prise se refermer sur sa main et il acquiesça dans un mouvement de tête silencieux de la suivre. Il s’élança à sa suite à travers cette forêt qu’ils connaissaient tous par cœur. La vraie raison de sa présence allait très vite être formulée par sa fille. Dans cette course rapide, il reconnut le chemin qui les mena à la rivière où elle s’arrêta, reprenant la parole comme s'il n’y avait jamais eu d’interruption. Le vampire blond avait porté son regard vers elle pour l’écouter, immobile telle une statue. Ça il s’en était bien rendu compte, Aro n’avait jamais eu dans l’idée de les laisser tranquille même après avoir su la vérité, la mine outrée de Maggie à ces mensonges en avait été la preuve irréfutable. Il pencha un brin la tête comme pour mettre plus de concentrations à écouter ces paroles. Lentement, il grimpa sur le rocher pour s’assoir à coté d’elle.

-Là tu m’en as trop dit ou pas assez Alice, on a tous conscience que c’est ta vision qui l’a fait partir, il n’aurait certainement pas pris le risque de voir tout ce qu’il a construit détruit en quelques minutes.

Il se tut un instant, son regard se perdit vers la rivière qui coulait inlassablement en suivant son lit. Ses yeux visualisaient même très clairement quelques poissons bien plus bas, il finit par ramener son regard vers Alice, là en résultait le problème alors autant le mettre sur le tapis une bonne fois pour toutes, pour avancer.

-Je ne sais pas ce qui s’est passé, je ne sais pas ce que tu as vu, vu que tu as toujours évité le sujet mais sache que cela ne se produira pas. Les circonstances ne seront jamais identiquement les mêmes, le résultat ne pourra l’être non plus. Exprime-le, on n’est pas là pour te juger mais pour t’aider.

Pourquoi lui en vouloir de quelque chose qu’elle ne contrôlait pas et qui de toute évidence leur avait sacrément sauvé la mise ? Il n’y aurait rien de logique dans tout cela. Il se remit dans le silence et attendit tranquillement que sa fille continue sur sa lancée.

Sa vision, voilà tout le nœud du problème. Ces images qui restaient de toute évidence plus ancrées dans son esprit qu’elles ne le devraient réellement. Alice n’en avait pratiquement pas parlé et même si cela semblait occuper une grande part de son esprit, Edward n’en avait pas eu vent ou lui aussi dans ces cas-là, c’était muré dans le silence le plus total. Fallait-il vraiment en faire un secret de polichinelle ? Carlisle ne serait pas le dire vu qu’il ignorait de quoi il retournait, sur le coup il n’avait pas cherché et avait évité de se poser trop de questions. La manière dont tout cela s’était déroulée avait été stressante et angoissante pour tout le monde alors quand cette fin avait été à leur avantage il n’avait pas vraiment voulu savoir plus, c’était suffisant sur l’instant. Aucun des vampires rassemblés n’avait été là dans le réel but de se battre, ils l’auraient fait s'il aurait fallu c’était tout. C’était protéger notre choix de vie, notre liberté, leur signaler que même s'ils étaient puissants où crains, ils n’avaient pas pour autant tous les droits sur tous vampires vivants dans ce monde. Début sans doute d’une anarchie, les répercussions, parce qu’il y en aurait certainement arriveront sans doute d’où le fait que lui aussi restait méfiant mais on ne pouvait faire qu’attendre, il ne prônerait pas le soulèvement. Il voulait juste protéger les siens, pour le reste le pouvoir ne l’avait jamais attirés, il n’allait pas commencer après toutes ces années. Son regard mordoré typique de leur régime alimentaire se porta une nouvelle fois vers le sien, assis à côté d’elle, il attendit en silence que viennent les réponses à ses questions. Sans savoir exactement, il ne serait trouver les bons mots pour la rassurer ou l’aider à le surmonter et il n’aimait pas voir ses enfants dans cet état d’angoisse permanents.

S'il s’attendait à ce qu’elle prononça ? Pas le moins du monde autant dire qu’il encaissa le choc sans réellement broncher. Pour tout avouer le docteur Cullen n’avait même pas bougé un cil. Son regard perdu vers la multitude de gouttelette d’eaux qui glissaient dans le flux en direction de la chute. Voici donc ce qu’elle avait vu, gagner contre les Volturis mais à quel prix ? S'il pouvait clairement prendre en considération que sa propre vie n’était pas encore très cher payée pour avoir la paix et le bonheur des siens, il pouvait difficilement encaisser que sa propre famille serait tout autant détruite que la famille royale. Pour le coup, il pouvait comprendre le comportement d’Alice, elle avait toujours connu Jasper et il était sa moitié surmonter cela aurait été très long, voir impossible quand on connaissait Marcus. A cette pensée, son esprit ramena des images d’Esmé, son cœur pourtant mort depuis des années ne put que se serrer à cette douleur sourde qui le prit soudain. Il ne resterait plus grand monde et que ferait-il ? Bella encore si jeune que pour se débrouiller seule malgré son admirable maitrise. Il secoua doucement sa tête pour se tirer de ses pensées et cette douleur silencieuse qui continuait de l’étreinte. Suffit de retourner les situations dramatiques dans sa tête, cela ne s’était pas passé, ils avaient tourné les talons et cela les avaient sauvés. Sa voix toujours calme sembla plus profonde comme si elle était mieux à l’intérieur.

-Essaye de ne plus y penser, c’est passé Alice et nous sommes toujours là, grâce à toi… Et peu importe ce qui se serait passé, rien n’aurait été de ta faute parce que nous avons tous choisis en notre âme et conscience.

Ce n’était peut-être pas la meilleure des formules pour des êtres qui se considérait comme damnés mais sur le coup, elle était tellement véridique qu’il n’avait trouvé mieux. Parce que c’était la strict vérité, on aurait tous agit et combattu pour ce qu’on croyait juste qu’importait le prix à payer. Mais une fois encore il n’eut pas le temps d’ajouter quoique se soit qu’il la voyait marcher de long en large. Lui, il n’avait pas bougé d’un millimètre malgré la pause très humaine adoptée, puis il la vit se serrer contre lui. Voilà qui expliquait quelqu'un de ces comportements étranges que Jasper ou Emmett lui avait déjà rapportés. Relevant la tête pour croiser son regard, il repassa doucement ces bras dans son dos pour la réconforter à son tour, laissant son odeur doucement l’envelopper. Tranquillement, profitant du fait qu’il était un peu plus grand que sa fille, il posa un baiser dans cheveux avant de passer une main sous son menton pour la forcer à croiser son regard.

-Ça ira je te le promets.

Chuchota-t-il faiblement, trop sans doute pour une oreille humaine mais elle n’aura aucun mal à saisir ses paroles même si la cascade à côté d’eux devait faire un bruit monstre. Elle se décala et il la laissa partir tout simplement lui rendant son sourire en essayant de le donner le plus convainquant et chaleureux possible pour lui ce n’était pas un exercice si compliqué. Il ne voulait plus qu’elle se tracasse de tout cela, qu’elle s’inquiète. Pour le moment, il n’y avait rien d’inquiétant dans les environs et les vampires italiens étaient toujours à Volterra. Que demandez de plus vu qu’ils vivaient tranquillement ici. Peu à peu, vider en quelque sorte son sac semblait la calmer de son agitation intérieure et elle reprenait enfin le contrôle. Elle avait raison bien sur et quelque part dans sa mémoire, il savait également qu’il n’en avait pas fini avec Arro et sa garde. Il avait fait quelques pas avant de tourner son regard vers la forêt pour revenir vers elle.

-Comme tu le dis toi-même, nous n’avons jamais pris tes visions à la légère Alice, nous en avons toujours tenu compte et nous le ferons encore. Quant à leur possible arrivé, je crois oui, il y en aura certainement une, on ne les défie pas sans en payer les conséquences même si ce n’était pas notre but. Cependant, je crois que sa bavure d’il y a sept ans, le rendra plus réfléchi. Je ne crois pas qu’il optera à nouveau pour une attaque frontale mais comme je te le dis inutile de s’en inquiéter pour le moment. Rien n’indique leur retour. De plus pour eux comme pour nous qu’est-ce qu’une année quand on en a déjà vécu des centaines ? Pour Aro ce n’est qu’un battement de cils, il réfléchira avant mais pour l’instant nous sommes tranquilles.

Et quand le moment de cette seconde rencontre sera venue, là on n’y pensera également pas pour le moment. Il fallait rester vigilant sans pour autant ne plus s’autoriser à vivre. Ils en avaient le droit également comme n’importe qui d’autre mais il pensait qu’Alice comprenait à présent le message.

-Je ne crois pas qu’il soit nécessaire d’en informer les autres. Bien que cela les empêcherait également de se faire du souci pour toi.

Il lui sourit doucement avant de montrer la forêt d’un mouvement de tête.

-Et si nous allions faire cette chasse ? A moins que tu veuilles encore me dire quelques choses ?